RETRAITES(2 ANS FERME): COMMENT LA PROPAGANDE MANIPULE-T-ELLE L’OPINION?

RETRAITES(2 ANS FERME) :

COMMENT LA PROPAGANDE MANIPULE-T-ELLE L’OPINION ?

 

La propagande est un phénomène trop subtil pour être vu et observé à l’œil nu mais les remous actuels autour de la question des retraites en France laissent entrevoir quelques-unes des techniques auxquelles recourent les propagandistes pour parvenir à leur fin : faire accepter par la majorité des français l’allongement de l’âge des retraites de 60 à 62 ans. Pour y parvenir, le gouvernement met en place un plan de campagne visant à agir en profondeur sur le psychisme humain en enfonçant à coup de marteau quelques idées très simples et des formules tranchantes et concises. C’est le principe même des réflexes conditionnés.

 

Première technique : suggérer la peur

 

Quelques jours avant chaque manifestation sur les retraites, on assiste dans les mass medias contrôlées par l’État et les groupes capitalistes à une campagne d’envergure de martelage selon le principe bien connu « au secours, on coule ». Le thème de la propagande politique du gouvernement vise à accréditer l’idée que le régime actuel est menacé et il se trouve dans une situation irrémédiablement compromise si rien n’est fait dans ce sens. La première technique du propagandiste consiste d’abord à semer la panique dans le corps social et à créer un état de psychose collective dans l’opinion. Cette stratégie de la peur n’est qu’une première étape qui prépare l’étape suivante: faire accepter par l’opinion le plan de la « réforme » des retraites du gouvernement, c’est-à-dire l’allongement de l’âge des retraites de 60 à 62 ans comme une nécessité absolue pour sauver ce qui peut être sauvé avant qu’il ne soit trop tard.  Nous avons déjà une première idée de ce qu’est le premier travail du propagandiste, suggérer d’abord la peur avant d’entrevoir l’issue de la situation dangereuse et de proposer d’atteindre la sécurité par les moyens suggérés.

 

Deuxième technique: amoindrir le nombre des manifestants

 

À la fin de chaque manifestation, on a pu remarquer qu’une intense bataille de chiffres s’engage entre les organisations syndicales et le gouvernement. Pour les premières, il y a 1 500 000 manifestants et pour le second il en y trois fois moins. À première vue, cette question de chiffrage du nombre des manifestations est d’une banalité déconcertante et elle relève plutôt de la chicane ou du simple verbalisme. Nous avons cependant tort de sous estimer ou d’esquiver cette question de chiffrage du nombre des manifestants qui n’est pas seulement un problème de chiffres mais, mine de rien, elle fait partie de la complexe machinerie qu’utilise la propagande politique pour manipuler psychologiquement les groupes cibles. Les chiffres de la police qui sous-estiment le nombre des manifestants dans les rues se révèlent en réalité comme une arme psychologique d’une redoutable efficacité car leur diffusion dans le public et les mass media a pour effet immédiat de décourager les syndicats et les manifestants eux-mêmes mais aussi et surtout de dissuader tous ceux qui sont tentés de se mobiliser et de participer aux prochaines manifestations. Personne n’est dupe, la police, par ses chiffres bidonnés, participe à la mise en œuvre du plan de campagne et de la propagande du gouvernement en essayant de créer un état de lassitude et de découragement parmi les irréductibles et les jusqu’au-boutistes mais aussi de gagner les indécis et les passifs et généralement de tous ceux qui sont facilement manipulables et violables psychiquement.

 

Troisième technique : retourner les indécis, les passifs et les hésitants

 

Dans Mein Kampf, Hitler distingue entre le propagandiste proprement dit qui est de s’attirer des adeptes et l’agitateur qui est de capter des partisans et des affiliés au parti. Dans chaque opinion publique, il y a des « zones mobiles » que les propagandistes et les agitateurs cherchent à mobiliser ou à neutraliser mais on estime généralement à 10% le nombre de ceux qui résistent à la propagande et à 90% le nombre de passifs, d’indécis et d’hésitants qui sont par définition influençables et violables psychiquement et dont les mécanismes psychiques sont facilement accessibles à la suggestion émotionnelle. Si l’on essaie d’affiner un peu les choses, on peut dire que dans chaque propagande, il y a en réalité deux propagandes différentes selon qu’elles s’adressent au 10% ou au 90%.

 

Pour neutraliser les contestations et les oppositions à sa « réforme » des retraites, la propagande gouvernementale telle qu’elle transparaît dans les mass media vise justement à gagner une grande partie des indécis et des passifs qui ne savent plus sur quel pied danser et qui n’ont que des idées très vagues sur la question des retraites. On assiste déjà à une première action du plan de campagne du gouvernement, le vote précipité de la loi sur els retraites à l’Assemblée nationale et au Sénat et visant deux choses : d’une part, décourager et neutraliser psychologiquement les opposants et les récalcitrants, c’est-à-dire ceux qui manifestent aujourd’hui dans les rues et d’autre part, gagner le plus d’indécis possible à sa « réforme ». D’ailleurs, cette stratégie de sape psychologique commence à payer et à donner des résultats tangibles à juger par les derniers sondages d’opinions qui montrent une majorité des français sado masochistes qui sont d’accord pour travailler deux ans de plus. Mais les sondages peuvent avoir aussi deux significations contradictoires : ils peuvent donner une image fidèle à un instant de l’état de l’opinion publique en montrant en effet un net fléchissement de l’opinion en faveur de la « réforme » du gouvernement, dû à l’action corrosive de sa propagande politique mais ils peuvent être utilisés comme un outil de manipulation psychologique pour retourner une opinion publique hostile en tapant directement dans cette immense zone immobile de l’opinion, les indécis, les passifs et les hésitants.

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés, réforme des retraites, propagande, gouvernement  

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